TDAH

 θ TDAH (Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité) 
    UN SYNDROME QUI DÉRANGE…
                       


sommaire:

- DÉFINITION
- ET EN CLINIQUE 
- LES GRANDS PRINCIPES D’INTERVENTION MULTIDIMENSIONNELLE:
           Intervenir à long terme 
              Demander une reconnaissance MDPH
              Ne pas hésiter à traiter si nécessaire "avec des psychostimulants" 
           Choisir les interventions en fonction des besoins du jeune
              Se concerter entre milieux et entre intervenants 
              Ne pas oublier les parents… et la fratrie, voir témoignage qui suit...
              Être attentif à l’environnement 
              Établir des renforcements positifs 
- UN DES MODÈLES EXPLICATIFS:
             Le modèle de BADDELEY:
                             Les faits
                             Le modèle
DÉFINITION : classiquement et bien que contesté, le DSM IV (version actuelle de la classification américaine) sert de référence
Dans le DSM IV les symptômes du TDAH sont répartis en deux sous-syndromes : inattention d’une part et hyperactivité-impulsivité d’autre part ce qui donne lieu à la différenciation de trois grands types de TDAH :

-Type inattention prédominante

-Type hyperactivité/impulsivité prédominante

-Type mixte, (lorsque les deux groupes de critères, ci dessus, sont réunis)

 A ceux-ci s’ajoutent d’autres perturbations fréquentes du comportement, (intolérance à la frustration, accès de colère, autoritarisme, troubles oppositionnels avec provocation), ainsi que des troubles de l’humeur, (labilité de l’humeur, dévalorisation, dysphorie). Ces comportements considérés comme accompagnants, ne modifient en rien le diagnostic (1)

Le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité  (TDAH) est un problème neurologique qui apparaît durant l’enfance. Ce trouble est lié à des anomalies de développement et de fonctionnement du cerveau. Dans la majorité des cas, il y a une composante héréditaire. Le TDAH n’est pas causé par des besoins affectifs non comblés ou par des problèmes psychosociaux, même s’il peut être exacerbé par ces facteurs. Il n’y a pas non plus de lien entre le TDAH et l’intelligence de la personne.
 Un grand nombre d’études ont démontré chez les personnes atteintes d’un TDAH un déficit de certaines fonctions exécutives, c’est-à-dire des processus cognitifs liés à la planification, à la pensée abstraite et au contrôle cognitif.


             
ET EN CLINIQUE...

«Le symptôme principal est un déficit d'attention, qui peut être associé ou non à une hyperactivité variable en intensité et à une impulsivité», détaille le Dr François Bange, pédopsychiatre à l'hôpital Robert-Debré, à Paris. Les difficultés de l'enfant deviennent flagrantes sur les bancs de l'école. Il a du mal à résister aux distractions, à finir ce qu'il a commencé. Il ne peut pas attendre, lever la main avant de s'exprimer ou lire une consigne. Il est souvent agité. En collectivité, il est vite débordé par l'excès de stimulations. Cela le mène à des brusqueries, des colères et des désobéissances.
«Les filles ont une présentation moins voyante avec plus de troubles de l'attention, note le Pr Diane Purper-Ouakil, pédopsychiatre à l'hôpital Saint-Éloi, à Montpellier. Elles sont souvent autoritaires et impulsives, mais elles font plus d'efforts pour être acceptées socialement, ce qui complique le repérage.».
Ce trouble mal délimité, (tant dans sa définition même, que de part la diversité de son apparence), reste mal connu et trop peu reconnu.

La prise en charge doit alors être pluridimensionnelle. Elle se doit de prendre en compte l’enfant, l’adolescent, dans sa souffrance globale au sein même de son environnement quotidien.


            LES GRANDS PRINCIPES D’INTERVENTION MULTIDIMENSIONNELLE :


 Intervenir à long terme : 

Une nécessité pour stabiliser et/ou diminuer les symptômes ainsi que prévenir d’autres problèmes, comme les difficultés d’apprentissage, l’agressivité, l’opposition, l’anxiété ou la dépression… L’enfant qui présente un TDAH aura besoin d’encadrement et de support pendant une longue période de temps, voir des années. 

 
 Choisir les interventions en fonction des besoins du jeune :

 Il n’y a pas un traitement unique pour tous les individus présentant un TDAH. Il faudra choisir la meilleure intervention selon le type (mixte, déficit d’attention prédominant ou hyperactivité/impulsivité prédominant), ainsi que  l’âge, les autres problèmes que le jeune  présente. Sa structure psychopathologique orientera la  prise en charge
 L’intervention se situe auprès de l’enfant, .et ne doit pas traiter seulement ses symptômes. Il faut voir l’enfant dans sa globalité en tenant compte de toute sa personne, de son développement, de ses autres problèmes et de ses désirs.


 Se concerter entre milieux et entre intervenants :

L’aspect multidisciplinaire du traitement augmentera l’efficacité de l’intervention. Plus les différents intervenants en contact avec le jeune seront impliqués, plus efficace sera l’intervention.


 Ne pas oublier les parents… et la fratrie :

Le TDAH envahit tout Il produit des difficultés dans la relation parents-enfants. Les parents s’épuisent au fil des années, tant devant l’incompréhension des symptômes que devant l’absence de réponses du corps médico-social. La prise en charge à leur niveau se doit de soutenir, de déculpabiliser, et de leur apprendre à mieux identifier et décrypter les comportements de leur enfant.

Ni mes mots, ni ma compréhension de la souffrance ne peuvent restituer un vécu, c'est pourquoi j'ai demandé à une mère, dont j’ai l'enfant en suivi,de vous restituer son vécu, infiniment plus parlant: 


"Bonjour

En ce qui concerne l’incompréhension de l’entourage, ce que je voulais dire c’est que tant que le diagnostic n’a pas été posé (et même après d’ailleurs).
L’entourage (famille, amis, école, médecins) ne comprend pas et donc on ne peut pas trouver un soutien.
Quand le parent ( la plupart du temps la mère) s’aperçoit qu’il y a quelque chose qui cloche chez son enfant, c’est au départ, juste une intuition, un ressenti, et en général ne connaissant pas le TDAH,  ni toutes les comorbidités possibles, elle n’a même pas de mots à mettre sur ce ressenti.
Elle sait juste que quelque chose ne va pas. Elle a beau essayer de décrire au plus près ce qu’elle ressent, cela ne fait aucun écho, ni auprès des proches, ni auprès de la plupart des professionnels de santé.
Je me suis rendue compte avec le temps, que ce n’était pas tellement les symptômes en eux-mm qui posaient problèmes, mais leur intensité, et leur durée.
Effectivement, si on explique à quelqu’un que son enfant, n’arrive pas à se mettre au travail, est dans la lune, n’a pas confiance en lui, etc.…
On nous répond : oui, tous les enfants sont comme ça !
Non, tous les enfants ne sont pas comme ça, quand c’est tous les jours.
C’est aussi toutes les réflexions qu’on peut subir : «  tu ne sais pas t’y prendre, c’est de ta faute, il te mène en bateau »
Et les professionnels qui vous disent : « madame, c’est vous qui avez un problème »
C’est lourd, et j’ai beaucoup culpabilisé. On crie dans le désert.
J’ai retrouvé le courrier que j’avais fait à un ostéo – thérapeute énergétique que j’avais consulté en 2004 et qui voulait bien prendre Pierre en charge
En relisant : tout y est. Simplement quand on ne sait pas à quoi correspondent tous ces symptômes, on n’avance pas.
Le second document d’avril 2005, c’est la liste que j’avais faite avant une consultation à la Maison de Solène à Paris
Réponse : « continuez à voir votre psychiatre ». Oui, celui qui prenait 75 € pour 15 mm de consultation, et se contentait de dire
« Bonjour X, comment ça va ? »  Et « Au-revoir X à la semaine prochaine ».
Il y a de quoi être en colère !
Pour moi, c’est donc important que les familles, les professionnels de santé, le milieu scolaire soient informés de ce trouble et de ses corollaires.
Pardon, je me suis un peu défoulée, mais ça fait du bien !
Et puis, c’est du passé. Depuis que nous avons eu la chance de vs rencontrer, tout cela est beaucoup moins lourd, on avance.
Je vous serai toujours profondément reconnaissante, parce que je suis intimement persuadée, que nous avons évité le pire.
Sans l’association, et sans vous mon fils aurait mal tourné.
Combien de jeunes certainement TDAH finissent soit en prison, soit en HP, soit sous les ponts ?"


 Être attentif à l’environnement :

Ma pratique ainsi que nombre d’observations me permettent de souligner l’importance de l’environnement, chez ces jeunes. Un cadre calme et constant est indéniablement favorable pour ces enfants. Les symptômes bien entendu ne disparaissent pas pour autant, mais les comportements gênants diminuent, (agitation, gigotement, manipulations aléatoires…..), lorsque les sources de stimulations décroissent.


Établir des renforcements positifs:

Depuis leur plus jeune âge, devant leur comportement bien souvent incompréhensible, irrationnel et imprévisible, ces jeunes ont subi punitions et rejets. 
Souvent diagnostiqué TDA/H tardivement, ils ont l'expérience de l’exclusion. Tous les  renforcements négatifs ont perdu sens ou alors ne font qu'entretenir le manque d'estime de soi du jeune, déjà, bien trop souvent  détérioré.
Je sais "ils sont pénibles", (et bien souvent seuls et malheureux). C'est justement pour cela qu'il est indispensable de valoriser les attitudes "souhaitables" que le jeune arrive à intégrer. Il faut récompenser les comportements qui vont dans le sens de la socialisation à travers des félicitations, une attitude positive, des récompenses tangibles et de préférence immédiates.


Les comportements non désirés peuvent être réduits, soit en les ignorant volontairement, soit en utilisant d'autres techniques ne faisant pas intervenir une discipline physique. Si vous vous arquez contre un comportement non voulu, vous ne ferez que l'ancrer dans  le système de dévalorisation que le jeune connait depuis son enfance. 


 Yanis, admis comme Jeunes Sapeurs Pompiers en octobre 2013 et ne posant pas de problemes dans ses entrainements contrairement à l école, dira:

"...eux ils me respectent.... "


Demander une reconnaissance MDPH :

Le TDAH est actuellement reconnu comme un handicap. Il me parait souhaitable pour les parents d'effectuer une démarche de reconnaissance de handicap et donc de demander la prise en compte des répercussions engendrées par le trouble, car même si celui-ci n 'est pas "un handicap en soi", ses conséquences le sont à juste titre. Des soutiens humains et financiers peuvent être octroyés.(cf: BO.n° 6 DU 7/2/2002). (2).


Ne pas hésiter à traiter si nécessaire "avec des psychostimulants": 

Les psychostimulants sont les médicaments les plus utilisés dans le traitement pharmacologique  du TDAH. Ils appartiennent à la classe des psychotropes, des produits qui ont un effet sur le système nerveux central, donc sur le cerveau et ses mécanismes propres (transmission synaptique)...Ils ont pour fonction d'accroitre les capacités de vigilance et de concentration. Le traitement améliore en premier lieu les capacités attentionnelles, (diminution de l'inattention). De part ce fait l'anticipation devient alors  possible, la sélection de l'information appropriée peut se réaliser, et par conséquence, la réponse la plus adaptée est donnée.(3)  

Le TDAH tisse très rapidement et de façon opaque sa toile autour du jeune en souffrance. C’est à nous qu’il revient de rompre celle-ci afin de rétablir l’individu dans son statut et son rôle avec son identité propre.







         


           UN DES MODÈLES EXPLICATIFS ( des troubles engendrés par le déficit d'attention):  Le modèle de BADDELEY
         
          Le courant cognitiviste classique regroupe habituellement sous le terme de mémoire  les processus d'encodage, de stockage et de récupération des représentations mentales.

           Beaucoup de recherches sur la mémoire en psychologie cognitive consistent à repérer et à décrire ses différents composants. Pour ce faire, les psychologues se basent sur des résultats expérimentaux et sur les symptômes manifestés par des patients cérébrolésés.


                        Diaporama explicatif :
Les faits:







Le modèle :






Le modèle initial de la mémoire de travail de Alan Baddeley et Graham Hitch en 1974 était basé sur  3 composantes:
  • L'administrateur central
  • La boucle phonologique
  • Le calepin visuo-spatial
L'administrateur central (appelé aussi système central exécutif) :
Celui-ci sélectionne, coordonne et contrôle les opérations du traitement. Selon Baddeley, il fait référence aux processus attentionnels. 

La boucle phonologique:
Cette composante manipule les informations sonores. Elle est l'espace d'auto-répétition mentale. 


Le calepin visuo-spatial:
Celui-ci manipule les informations visuelles et spatiales.

Le buffer épisodique:
Ce 4ème composant a été introduit en 2000. Il facilite l'intégration avec les 2 autres composantes que sont le calepin visuo-spatial, ainsi que la boucle phonologique.




Nous voyons  bien sur ce schéma les conséquences relatives à un déficit de la Mémoire de travail. L’Attention et les fonctions exécutives ne peuvent alors qu'être affectées.


 
SÉLECTIVITÉ : La dimension de sélectivité correspond à l'aptitude à sélectionner un élément d'une stimulation perceptive afin d'en réaliser un traitement approfondi. 


INTENSITÉ : La dimension d'intensité fait référence à la dimension non-spécifique de l'attention, à l'état général de préparation qui permet au sujet de traiter et de répondre à une stimulation non déterminée de manière plus ou moins efficiente. On parlera alors d’alerte. L’état d'alerte d'un sujet correspond à la mobilisation de la dimension intensive de l'attention, qui fait par exemple suite à une consigne ou un signal avertisseur dans une tâche de psychologie expérimentale.




Les fonctions exécutives désignent un ensemble assez hétérogène de processus cognitifs de haut niveau permettant un comportement flexible et adapté au contexte. Cela regroupe des capacités liées à l'anticipation, la planification, l'organisation, la résolution de problème, le raisonnement logique, la mémoire de travail, le contrôle cognitif, la pensée abstraite, l'apprentissage de règles, l'attention sélective, la sélection de réponses motrices, la motivation, l'initiative, etc.



L'examen Neuropsychologique tentera d'évaluer les différents secteurs inopérants, afin d'établir des stratégies de substitution et de soutien dans les secteurs d'activités du jeune, (école, loisirs, famille...). La nécessité de partenariat reste incontournable.




Ces réalisations nous montrent bien l'interdépendance des différentes fonctions intellectuelles, si l'une d'elles est endommagée et/ou déficiente, les répercussions se propagent dans tous les autres domaines liés à l'apprentissage.

voila pourquoi l'on considère le TDA/H comme un trouble infiniment INVALIDANT.



(1)   HyperSupers TDAH France- Journée Ribot-Dugas, (Paris 30 avril 2011)

(2) (3) Collections "réponses à vos questions", Lescendreux Michel, nouvelle édition T.D.A.H., ed SOLAR

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