mercredi 18 juin 2014

A quoi servent les interdits?


θ sommaire:

QU A T-ON LE DROIT D'EXIGER?
QUI DOIT FAIRE PREUVE D’AUTORITÉ?
COMMENT SAVOIR SI L'ON EST JUSTE OU INJUSTE?

FAMILLE RECOMPOSÉE

Il faut donc le poser d’emblée : les limites sont indispensables à la construction d’un enfant. Et dénouer un malentendu : un enfant sans limites n’est pas un enfant " libre ", car il est l’otage de ses pulsions, et ce n’est pas un enfant " heureux " car il vit dans l’angoisse. Livré à lui-même, en effet, l’enfant n’a pas d’autre guide que sa satisfaction immédiate. Il veut quelque chose ? Il le prend. Il n’est pas content ? Il frappe ou il casse. 
Cette situation peut être pour lui agréable à court terme, mais elle est toujours très coûteuse à long terme. L’enfant à qui l’adulte ne met pas de limites n’apprend en effet jamais à s’en remettre à lui-même. Il est comme emporté par ses envies. Incapable de se contrôler, il vit dans l’angoisse et une culpabilité d’autant plus forte que, pour le jeune enfant,  penser et faire sont très proches : si je souhaite la mort de mon petit frère, qui me dit que je ne vais pas le tuer puisqu’on ne m’interdit jamais rien ?

De plus, en ne balisant pas le monde d’interdits, l’adulte en fait pour l’enfant une jungle où tout peut arriver. Si je suis le plus fort, je dévore l’ennemi. Mais si je suis plus faible que lui, qui va me protéger puisqu’il n’y a pas de loi ? On comprend dès lors pourquoi les enfants sans limites souffrent si souvent des cauchemars, de la peur du noir, de la nuit, des voleurs, etc. Si papa n’est pas assez fort pour me faire obéir, comment pourrait-il me protéger des brigands ? Un adulte laxiste n’est pas pour un enfant un adulte rassurant. Les enfants, d’ailleurs, savent intuitivement cette importance des limites car ils les réclament. Pousser les adultes à bout est en général, pour eux, une façon de demander des limites. Quand ils ne les obtiennent pas, ils sont contraints de mettre eux-mêmes un terme à leur " escalade " et le font en général avec leur corps : ils tombent ou se blessent, Le corps fait limite faute de mieux mais – outre qu’elle est dangereuse –, cette limite est une fausse limite car elle n’apprend rien. Elle n’inscrit rien dans la tête de l’enfant.



QU’A-T-ON LE DROIT D’EXIGER ?


A cette question, on peut répondre simplement en disant que les parents ont non seulement le droit, mais le devoir d’enseigner à leur enfant les limites qui vont lui permettre de " s’humaniser ", d’accéder aux règles de la vie humaine. Au XIIe siècle, " interdire " se disait " entredire ". L’interdit, c’est ce qui se dit " entre " les êtres, ce qui permet la communication humaine, la vie avec les autres. Les limites indispensables à l’enfant sont donc celles qui vont lui permettre :

- De savoir qui il est. Il n’est pas un animal mais un humain. Il n’est donc pas question de le laisser régler ses problèmes à coups de griffes ou de dents : chez les humains, on parle, même dans les cours d’écoles maternelles !

- De savoir quelle place il a. Par rapport aux générations : il est l’enfant de ses parents, il n’est pas un adulte. Il n’a pas à régenter la vie de la famille, à être le confident de ses parents ou à leur parler comme à des copains. Par rapport à l’interdit de l’inceste : il faut que l’enfant comprenne qu’il ne pourra épouser ni " papa " ni " maman ", et surtout que papa et maman ne sont pas " tout à lui " car ils sont aussi un couple, qu’ils étaient un couple avant d’être ses parents, et que c’est même cela qui a permis qu’il naisse. Cela implique donc de lui imposer le respect de la vie de chaque parent et de celle du couple, le respect de moments et de lieux : on ne fait pas irruption dans la chambre parentale, on ne mobilise pas, sous des prétextes fallacieux, l’un ou l’autre de ses parents la nuit, etc.

- De comprendre les règles du monde dans lequel il vit. On ne peut pas faire n’importe quoi, on n’a pas tous les droits, on ne peut pas tout avoir (inutile donc de se rouler par terre au supermarché pour qu’on vous achète le magasin entier…). Et quand on veut parvenir à quelque chose, il y a toujours un prix à payer : on ne devient pas un grand sportif sans s’entraîner, on ne réussit pas à l’école sans travailler.

Enfin, il est fondamental que l’enfant comprenne que ces règles n’ont pas été inventées par les adultes pour " embêter " les enfants, qu’elles ne leur sont pas réservées, que les adultes y sont eux aussi soumis. Parce que le monde fonctionne ainsi. Mettre ce type de limites à un enfant ne lui fait pas plaisir et il arrive même qu’il souffre car il se voit privé d’un plaisir immédiat. Mais on ne se construit pas sans cette souffrance-là.



QUI DOIT FAIRE PREUVE D’AUTORITÉ ?


Cette question préoccupe également beaucoup de parents. C’est au père de poser les limites, et à la mère de les rappeler quand il n’est pas là en faisant référence à lui. En fait, pour que l’autorité fonctionne, il faut que la mère intervienne " au nom du père ". Il ne s’agit pas, bien sûr, qu’elle demande l’avis du père pour l’achat de la moindre chaussette, mais il s’agit qu’elle fasse comprendre à l’enfant que rien dans son éducation ne se décide sans lui. Pourquoi ? Parce que mettre des limites à un enfant dans une famille a pour but de lui permettre de comprendre ce qu’est la loi dans la communauté des hommes, la loi dans la société. Or la loi a deux caractéristiques :

- Elle est ce qui intervient " en tiers " entre les individus : mon voisin et moi ne réglons pas nos problèmes à coups de fusil parce que nous pouvons faire appel à la loi qui est entre nous… comme le père et sa parole le sont entre la mère et l’enfant.

- Elle est ce que l’on respecte, même en l’absence de tout "gardien de l’ordre" : nous nous arrêtons aux feux rouges même si aucun policier n’est visible à l’horizon.

Quand, dans une famille, une mère dit à son enfant : " Ton père n’est pas là, mais je t’interdis de faire cela parce qu’il t’a dit de ne pas le faire ", elle lui permet de comprendre ce qu’est la loi. En se référant à la parole du père, elle montre en effet à l’enfant que, alors qu’il la croit toute-puissante, elle accepte un interdit qui ne vient pas d’elle, qu’elle ne " fait pas la loi ".

Donc, si de son côté, le père explique clairement à l’enfant que les interdits qu’il pose ne sont pas nés de son bon plaisir, qu’il les respecte lui aussi, l’enfant comprend que la loi n’appartient à personne et que chacun y est soumis. En lui rappelant les paroles de son père, la mère montre également à l’enfant qu’elle a un recours par rapport à lui : " Si tu ne fais pas ce qu’a dit ton père, tu te débrouilleras avec lui ! " Elle évite ainsi de s’enliser avec lui dans ces conflits sans fin d’où les mères sortent toujours perdantes et les enfants – pour leur malheur – toujours vainqueurs. Et le problème n’est pas différent si la mère vit seule avec son enfant. Même en l’absence du père, la mère peut se référer à sa parole, à ce qu’il aurait dit, ou à ce que dirait n’importe quel père.



COMMENT SAVOIR SI L’ON EST JUSTE OU INJUSTE ?


Ce tourment de bien des parents donne raison à Freud qui mettait la tâche d’éduquer – avec celle de " gouverner " et de " psychanalyser " – au rang des " impossibles ".

Y a-t-il des " recettes " pour savoir si l’on ne se trompe pas ? Évidemment non. Mais il y a certainement un repère. On n’est jamais injuste quand on met à ses enfants une limite que n’importe quel parent mettrait dans les mêmes circonstances. A l’inverse, on risque de l’être quand la limite posée n’a pas d’autre justification que ses lubies personnelles, sa névrose ou l’éducation que l’on a soi-même reçue. Demander à ses enfants de manger des légumes n’a rien d’anormal. Les cantonner à la purée de céleri sous prétexte qu’on a la passion de cet aliment est sans doute beaucoup plus contestable…



FAMILLE RECOMPOSÉE

“T’as pas le droit, t’es pas mon père !” Dans les familles " recomposées ", l’enfant ou l’adolescent peut contester à son beau-père le droit de lui mettre des limites, et souvent dans un contexte où la mère est elle-même mal à l’aise avec l’autorité de son compagnon, parce qu’elle craint qu’il ne veuille supplanter le père ou se sent inconsciemment coupable d’avoir divorcé.

Un " père de naissance ", on n’en a qu’un, mais un enfant a besoin, au quotidien, d’une présence paternelle. Le compagnon de la mère est le seul à pouvoir jouer ce rôle car, occupant le lit de cette dernière, il est de fait entre l’enfant et elle. C’est lui qui garantit l’interdit de l’inceste. L’idéal serait que les choses soient mises en place par le " père de naissance " : " En mon absence, c’est X qui s’occupera de toi. " Malheureusement, c’est rarement possible.

C’est donc à la mère de parler à l’enfant. Il faut qu’elle lui signifie qu’elle est d’accord pour que son compagnon agisse en père. Il faut surtout que l’enfant comprenne que les adultes se mettront d’accord pour tout ce qui concerne son éducation et ne le laisseront pas se jouer de leurs discussions.



mardi 18 février 2014

Quelques ressources

  Ψ θ

non exhaustives et à titre indicatif…


1) Des sites qui répondent vos questions et qui peuvent vous écouter…

http://www.lepsychologue.org/accueil/index.php 
(site des professionnels de la psychologie clinique, vous pouvez accéder à des forums, poser des questions,obtenir une liste de praticien en psychologie clinique...)
http://www.tdah-france.fr/
(site officiel concernant le  TDAH )
http://www.jeunessesansdrogue.net/       
(site élaboré par Sophie DAOUT, mère d'un enfant toxicomane, elle témoigne,répond, soutient ,parents ou jeunes , vous y trouverez un forum et des informations pratiques).          .
http://www.amisdetom.org/rubrique.php3?id_rubrique=1   
http://www.lequotidiendumedecin.fr/specialites/addictologie-alcoologie/ritaline-premiers-pas-dans-l-addiction
http://www.dysandco74.com/images/stories/pdf/tda3.pdf
 
                2) La presse spécialisée....   
                                    
Le cercle psy (trimestriel)
Le journal des psychologues (mensuel professionnel)
Psycho au quotidien,(trimestriel)
PSYCHO et connaissance de soi, (trimestriel)
PSYCHOLOGIE MAGAZINE(mensuel)
                     .
     3) Des ouvrages témoins et justes…

ARQUE  Daniel , Antoine DE LA GARANDERIE: série d’ouvrages sur la réussite scolaire et le THAH ,editions bayard , 2010
COR Isabelle:«  la petite file qui ne voulait pas grossir », Flammarion, 2008, troubles du comportement alimentaire...
DAOUT Sophie, témoignages poignants de son combat face à un enfant toxicomane…
SCHOVANEC Josef , « Je suis à l'est », PLON, 2012, pour le syndrome d’Asperger, Plon
RUFO Marcel tous les l’œuvre du Professeur
TOMKIEWICZ Stanislaw, toute l’œuvre de travail de recherche sur la déviance et le passage à l’acte….

                4) Pour approfondir...

BOIMARE S, 
Ces enfants empêchés de penser, Dunot, 2008

DOLTO  Françoise:
Solitude, éd. Vertiges, Paris, 1985
La Cause des enfants, éd. Robert Laffont, Paris 1985
Enfances, Paris 1985
L'Enfant du miroir, avec Juan David Nasio), Éditions Rivages, Paris, 1987
La Cause des adolescents, éd. Robert Laffont 1988
Quand les parents se séparent (avec la collaboration de Inès de Angelino), Éditions du Seuil, Paris,1988
L'Échec scolaire, éd. Vertiges du Nord 1989
Paroles pour adolescents ou le complexe du homard, éd. Hatier 1989
Lorsque l'enfant paraît, éd. du Seuil, Paris 1990
Les étapes majeures de l'enfance, éd. Gallimard 1994
Les Chemins de l'éducation, éd. Gallimard 1994
La Difficulté de vivre, éd. Gallimard, Paris 1995
Tout est langage, éd. Gallimard, Paris 1995

FREUD Sigmund
L'interprétation des rêves, 1900, PUF, 2005 
Psychopathologie de la vie quotidienne, 1904, Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2004
Trois essais sur la théorie sexuelle, 1905, Gallimard, coll. « Folio », 1989 PUF
Métapsychologie, PUF, 2010
Le Président Schreber, 1911, PUF
Totem et Tabou 1913, Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2004

Cinq Psychanalyses, Dora, L'homme aux Loup, L'homme aux rats, le petit Hans, Président Schreber), traduction révisée, PUF, 2008
L'Homme aux loup, 1914, PUF, 1990, PUF
Deuil et mélancolie, 1917, Œuvres Complètes de Freud - Psychanalyse, vol. 13, Paris, PUF, 1988  et Payot, coll. "Petite Bibliothèque 
 L'inquiétante étrangeté et autres essais, 1919, Gallimard Folio
Introduction à la psychanalyse,1917, Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2004 Inhibition, symptôme et angoisse, 1926, PUF, 2005
L'inquiétant familier. Suivi de Le marchand de sable de E.T.A Hoffmann, Paris,  Payot, 
Malaise dans la civilisation, 1929 dans Le Malaise dans la Culture, PUF, 2004 
Le petit Hans. Analyse de la phobie d'un garçon de cinq ans, Paris, Payot,2011
Trois mécanismes de défense. Le refoulement, le clivage et la dénégation Paris, Payot, coll. "Petite Bibliothèque Payot" n°897, 2013


HIRIGOYEN Marie-France  psychiatre et psychanalyste,Harcèlement moral, la violence morale au quotidien, Pocket, 2001

HOUDE.O,
Rationalité , développement et inhibition,Un nouveau cadre d'analyse, PUF, 1995

LAPLANCHE et PONTALIS
Vocabulaire de la psychanalyse, PUF,1996 

LECENDREUX Michel
L'hyperactivité TDAH,solar,2007

MAZEAU Michèle :
Neuropsychologie et troubles des apprentissages, Masson, 2005


REYNAUD Michel
Traité d'addictologie, Flammarion, médecine-sciences, 2006
L'amour est une drogue douce...en général, Flammarion,coll,Champs/essais 2013

TOUBIANA Eric-Pierre
Addictologie clinique, coll,Quadrige, Paris Puf, 2011

SAIET Mathilde:
Les addictions,coll, Que-sais-je?, 2011

WINNICOTT Donald :  
Les objets transitionnels, Payot, coll. "Petite Bibliothèque Payot", 2010  
Jeu et réalité, l'espace potentiel, Gallimard, 1975 (Playing and Reality, 1971),réédité en folio, 2004 
La consultation thérapeutique et l'enfant, Gallimard-poche, Tel, 1979
Processus de maturation chez l'enfant, (1965), Payot, 1988
De la pédiatrie à la psychanalyse,(1969), Payot, 1989
Déprivation et délinquance, Payot, 1994
La mère suffisamment bonne, Payot, coll. "Petite Bibliothèque Payot", 2006
L'Enfant et sa famille, Payot, coll. "Petite Bibliothèque Payot", 2006
L'enfant et le monde extérieur, Payot, 1988
La Famille suffisamment bonne, Payot, 2010
Agressivité, culpabilité et réparation, Payot, coll. "Petite Bibliothèque Payot", 2004
La Petite "Piggle". Traitement psychanalytique d'une petite fille, Payot, 1988 La crainte de l'effondrement, Gallimard, 2000
La relation parent-nourrisson, Payot, coll. "Petite Bibliothèque Payot", 2011


lundi 20 janvier 2014

Harcelement moral au travail

θ sommaire:
          - DÉFINITION
          - CARACTÉRISTIQUES
          - PROFILS
               Portait d'une victime
               Portrait d'un bourreau

          - COMMENT SE SORTIR D'UNE TELLE SITUATION?
          - AU CŒUR DU PROBLÈME, L'ESTIME DE SOI:
          - DES SOLUTIONS


          La souffrance au travail est un véritable problème aujourd'hui. Avant que des hommes et des femmes ne s'effondrent, victimes de harcèlement, pensons à comment prévenir et stopper ce processus ? 


DÉFINITION:

Le harcèlement moral au travail se définit par une conduite abusive (des gestes, des paroles, des attitudes, des comportements...) qui porte atteinte, par sa répétition et sa systématisation, à la dignité, ou à l'intégrité physique ou psychique d'une personne. Une conduite qui va dès lors mettre en péril l'emploi de cette personne ou dégrader le climat de travail.

Il est important de différencier le harcèlement moral du stress, ou de l'agression ponctuelle, ou bien encore de mauvaises conditions de travail générales à l'entreprise.

CARACTÉRISTIQUES:
 
- les attaques sont le plus souvent individualisées. Elles visent une personne en particulier, et toujours la même.


- ces attaques se répètent sans cesse.

- elles ne concernent généralement pas la qualité du travail de la personne harcelée, mais son intimité : c'est l'être qui est pris à partie, pas son savoir-faire. 

- enfin, le propre du harcèlement moral, c'est qu'il n'y a pas deux interlocuteurs divisés par un conflit, il y a un dominant et un dominé, et surtout aucune raison objective à ce soudain déferlement de mépris, voire de haine.

Le “harceleur” ne dit jamais à sa victime ce qu'il lui reproche, pour la bonne raison que ces reproches sont la plupart du temps indicibles. Le harcèlement naît le plus souvent de problème de jalousie, de rivalité, ou de secrets cachés dans une entreprise (détournements, malversations...), que certains ont le malheur d'approcher d'un peu trop près.


PROFILS:
Tout le monde peut-il être un jour harcelé moralement au travail ?

N'importe qui peut être victime un jour, quelle que soit sa structure de personnalité. Mais certains sont plus armés que d'autres pour se défendre : notamment les personnes qui ont une réelle confiance en elles-mêmes et qui peuvent s'appuyer sur un environnement familial et amical solide et sécurisant.

Les personnes visées sont le plus souvent celles qui ont beaucoup investi dans leur travail et qui sont conscientes de bien faire. Ou celles qui ont un profil différent, couleur de peau, sexualité…Ces individus gênent certains.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les “harceleurs” ne visent pas forcément quelqu'un pour ses faiblesses mais plus pour sa non-conformité.

Ils vont alors s'employer à isoler leur victime par tous les moyens possibles pour ensuite l'agresser continuellement, sans raison aucune. Et c'est cette absence de raison qui fait rapidement perdre pied. La personne harcelée ne comprend pas ce qui lui arrive, tente de trouver un sens aux attaques mais n'obtient jamais de réponse. Elle finit par douter d'elle-même, ne sait plus ce qui est normal ou non dans le comportement des autres et dans le sien. L'engrenage est malheureusement très rapide.


Portrait d’une victime


Douée, consciencieuse, avenante, la victime consacre son énergie à donner le meilleur d’elle-même. Des qualités, précisément, que le pervers convoite. Plutôt vive et extravertie, elle a tendance à exprimer haut et fort ses réussites et ses bonheurs. Des attributs (statut social, créativité…) dont le pervers cherche à la dépouiller. Elle se fait donc en quelque sorte vampiriser. Généreuse de surcroît, elle ne peut se résoudre à la perversité et il n’est pas rare qu’elle cherche des excuses à son bourreau. Ce qui accroît sa vulnérabilité, c’est son sens des responsabilités et sa propension à se culpabiliser. C’est par là que le pervers l’"accroche" : touchée dans sa peur de faillir, elle admet trop facilement la critique et se tue à donner satisfaction. Avant de se résoudre (ou d’être poussée) à abandonner la partie, elle est devenue l’ombre d’elle-même. 


Portrait d’un bourreau


Au premier abord, il est charmant, plutôt brillant. Puis son ton se fait monocorde, son discours condescendant, son air supérieur. Ses armes favorites : isoler, disqualifier, refuser la communication, brimer. Inutile de le raisonner. C’est un individu « pervers », Il est fixé dans ce mode de relation à l’autre et ne se remet jamais en question. Il n’éprouve pas la moindre culpabilité : faire souffrir ne le fait pas souffrir, au contraire. Il est incapable d’empathie, incapable même d’identifier la souffrance de l’autre, puisque l’autre n’existe pas pour lui. Il nie son intégrité et son humanité. Son talent : taper là où ça fait mal et se faire passer lui-même pour victime de la prétendue incompétence ou malveillance de son bouc émissaire. A savoir : lorsque la victime décide de se soustraire à ses assauts, le pervers peut faire preuve d’une gentillesse inattendue. Sinon, privé de sa substance vitale, il se cherche au plus vite une nouvelle proie.

COMMENT SE SORTIR DE TELLES SITUATIONS ?

Il est important de réagir très vite car plus la situation de harcèlement perdure, plus les conséquences en seront traumatiques et profondes, et plus la victime aura du mal à s'en remettre.


Le harcèlement procède de manière très insidieuse, mais il allume tout de même quelques clignotants sur son passage. Il faut repérer les comportements, les gestes ou les paroles qui agressent, et ne pas les laisser passer. Le plus souvent, la personne harcelée préfère les oublier, parce qu'elle ne les comprend pas ou parce qu'elle en a honte (attitude fréquente dans les cas de harcèlement sexuel). Il faut verbaliser ces agressions, en parler à son entourage afin de ne pas laisser l'isolement s'installer. Tout ce qui ne semble pas normal doit être dit. Et si le sentiment de se sentir victime apparaît, il faut réagir. Il est souvent utile d'affronter la personne qui agresse en lui demandant des explications : si elle admet que quelque chose ne va pas, cela devient un conflit entre deux personnes que l'on pourra régler. Si elle nie, mais continue par la suite d'attaquer, c'est du harcèlement.

Dans ces cas-là, il est très important de parler, si possible à quelqu'un à l'intérieur de l'entreprise, ou à l'extérieur. Il faut contacter l'inspection du travail, un juriste ou un syndicaliste. Afin de mieux se défendre, il est souhaitable que la personne harcelée, note jour après jour les agressions dont elle est victime. Et si cette personne est profondément déstabilisée, elle doit se faire prendre en charge sur un plan psychologique et médical.


AU CŒUR DU PROBLÈME : L’ESTIME DE SOI:

« Les victimes idéales des pervers moraux sont celles qui, n’ayant pas confiance en elles, se sentent obligées d’en rajouter, d’en faire trop, pour donner à tout prix une meilleure image d’elles-mêmes ».

Chez les pervers eux-mêmes, on note un fonctionnement en miroir : l’autre, nié dans son individualité, est le reflet par lequel ils se sentent exister. Ils projettent sur lui les failles qu’ils refusent d’admettre en eux et se nourrissent en se valorisant à ses dépens. Autrement dit, les premières et les seconds ont, sans le savoir, un point commun : le manque d’estime de soi. Or, remarquent tous les thérapeutes, on assiste aujourd’hui à une recrudescence des pathologies du narcissisme – de l’image et de l’estime de soi –, cette capacité fondamentale à s’évaluer et à s’aimer.

Cette violence insidieuse pourrait donc être interprétée, au même titre que la toxicomanie ou la délinquance, comme la marque d’une époque où les moi des individus sont fragilisés, déstructurés par l’absence de repères éducatifs ou de valeurs morales. Elle serait une caricature de l’affirmation de soi. « Les pathologies du narcissisme sont des pathologies de l’insuffisance », explique encore Marie-France Hirigoyen. On demande aux gens d’être toujours plus performants, de sorte qu’ils ne sont jamais à la hauteur !" Résultat, on confond pouvoir et emprise, autorité et autoritarisme. Pour être un "battant", on croit qu’il faut "battre" les autres. 
DES SOLUTIONS:

Une vaste prise de conscience est en marche : Mots pour maux, une association de médecins du travail et de psychanalystes, propose un accueil aux victimes de harcèlement dans l’entreprise.

Chacun de nous est amené à s’interroger : "Est-ce que je respecte l’autre en tant que sujet ?" "Moi-même, suis-je respecté dans cette relation ?" "Quelles limites réciproques nous imposer ?" Si notre seuil de tolérance à la violence recule, c’est sans doute le signe d’une évolution collective et individuelle, psychique et positive.


 

jeudi 16 janvier 2014

Dépression chez l'enfant et l'adolescent

θ Sommaire : 
LA DÉPRESSION CHEZ L'ENFANT                                                     
     Irritabilité,hyperactivité
     Quand le mal perdure
     L'enfant absorbe le mal être de son entourage 
FAIRE FACE A LA DÉPRESSION DE SON ENFANT 
     Instaurer le dialogue 
     Quelle prise en charge thérapeutique..?

LA DÉPRESSION CHEZ L'ADOLESCENT: UN PROBLÈME NOUVEAU ET BIEN ACTUEL...
POUR UNE DÉFINITION?
LES FORMES CLINIQUES DES TROUBLES DÉPRESSIFS A L'ADOLESCENCE
     Les dépressions réactionnelles
     Les dépressions endogènes

SPÉCIFICITÉS DE LA DÉPRESSION CHEZ L'ADOLESCENT
PRISE EN CHARGE
ÉTAT DES LIEUX ET PROSPECTIVES 
CONCLUSION



LA DÉPRESSION CHEZ L ENFANT:

Non, la dépression n’est pas réservée aux adultes. 
Chez l’enfant, l’état dépressif se manifeste de façon insidieuse, parfois trompeuse. Déménagement, séparation des parents, décès d’un proche… C’est souvent un événement perturbateur et déstabilisant qui en est à l’origine. Quels sont les signes de la dépression infantile ? Comment venir en aide à son enfant en souffrance ? Voici quelques pistes.

Irritabilité, hyperactivité…

     On a longtemps pensé que cette maladie était réservée aux adultes. Mais il n’y a pas d'âge pour aller mal.  
     Si tout le monde s'accorde sur le fait que l'adolescence est une période propice au mal-être, la déprime peut également toucher les enfants entre 6 et 12 ans. 
     Chez les jeunes, la dépression prend des formes très diverses, parfois insoupçonnées.
Les symptômes sont en effet différents de ceux de l’adulte. « La dépression infantile est troublante pour les parents car l'enfant ne se comporte pas de façon apparemment logique, C’est une sorte de dépression à éclipses, par à-coups, plus difficile à cerner que la dépression de l’adulte ».
    L’humeur dépressive peut être remplacée par l’irritabilité, l’amaigrissement peut laisser place à l’absence d’augmentation régulière du poids à cet âge. Les plaintes somatiques et le retrait, souvent discret, des relations sociales, sont fréquents. L’enfant a tendance à moins jouer et ses performances scolaires diminuent. Les enfants ont parfois du mal à verbaliser leur mal-être, c’est donc leur corps qui s’exprime pour eux. Certains vont moins jouer, moins manger, être abattus. D’autres, à l’inverse, vont être hyperactifs, très excités, voire agressifs. ».


 Quand le mal-être perdure…

     Perte du sommeil ou de l'appétit, anxiété, changements brutaux d'humeur, voire maladies de peau ou maux d'estomac sont autant d'indices du séisme émotionnel que subit l'enfant. 
Du moins, s’ils s’installent dans la durée, si ce mal-être, cet ennui, cette morosité et ce sentiment de tristesse perdurent et interfèrent avec la vie scolaire et les loisirs, ils doivent être réévalués et éventuellement reconsidérés comme annonciateurs d’un trouble dépressif

Dans son livre La dépression, 100 questions pour comprendre et guérir(Odile Jacob), le psychiatre Florian Ferreri précise ainsi : « La variation d’humeur est d’une grande banalité. Elle n’est pas préoccupante lorsqu’elle est compatible avec une énergie conservée, qu’elle dépend des circonstances, qu’elle est sans retentissement sur l’investissement scolaire et que l’intérêt pour les loisirs et les relations amicales n’est pas altéré.
  

L’enfant absorbe le mal-être de son entourage

   La dépression de l'enfant n’est ainsi pas envisageable sans tenir compte de son environnement, dont il est encore dépendant affectivement. Elle est très souvent liée, en réalité, au mal-être de son entourage et notamment à la mésentente des parents. " L’enfant est une véritable éponge", il est souvent très inquiet pour ses proches et absorbe leur mal-être. Des difficultés de couple ou de travail sont interprétées comme un risque d’abandon, d’interruption d’approvisionnement narcissique. » Les débats entre adultes doivent donc se faire à distance de l’enfant pour que l’atmosphère familiale retrouve de la sérénité



FAIRE FACE A LA DÉPRESSION DE SON ENFANT:
 
       Instaurer le dialogue

      Les parents se sentent souvent impuissants, parfois coupables de la déprime de leur enfant, surtout s’ils ont eux-mêmes traversé des épisodes dépressifs. Ce qui importe alors, c'est que l'entourage prenne le temps de discuter avec l'enfant, de l'écouter comme de lui parler. Il faudrait que les parents soient présents psychologiquement et physiquement à ses côtés,. Il serait souhaitable de  l’observer et d'instaurer un dialogue pour qu’il explique ce qu’il ressent. Il est important aussi de faire des choses avec lui, de partager des moments ensemble pour le rassurer. », ceci bien sur, si l'adulte lui-même est assez solide pour le réaliser.
 
Ce rapprochement permet souvent de trouver la cause de la dépression: la mort d'un proche, humain ou animal, un déménagement, un changement d'école ou encore un divorce. N'importe quel événement qui, d'une façon ou d'une autre, met brutalement fin à un ordre établi et déstabilise les repères de l'enfant.
 

       Quelle prise en charge thérapeutique ...?

      Enfant dépressif, adulte déprimé ? 
      Pas forcément. Les risques de récidive existent, mais ils sont moindres si la dépression a bien été prise en charge. Selon Moussa Nabati,  "ce n’est jamais un adulte qui déprime, mais toujours un enfant intérieur". 
      A l’âge adulte, un événement particulier, qu’il s’agisse d’une rupture ou d’un licenciement, peut faire resurgir la détresse de l’enfant. Mais quand on connaît ses fragilités et qu’on a travaillé dessus, elles peuvent aussi devenir une force.
      Si la dépression perdure, une psychothérapie peut être bénéfique en prenant l’enfant dans son contexte, en évaluant ses relations familiales et scolaires. « Si la déprime est légère, voir l’enfant pendant une heure toutes les semaines suffit.

      Si elle est sévère, avec par exemple des idées suicidaires, un traitement médicamenteux peut être nécessaire. Avec ces antidépresseurs, des effets secondaires sont possibles, comme des maux de têtes et des douleurs abdominales, mais il n’y pas de risques d’accoutumance. Leur action n’est pas immédiate, il faut compter deux à trois semaines pour savoir si le traitement est efficace. L’enfant est alors évalué une fois par mois avec sa famille et un suivi psychologique est conjointement indispensable.

LA DÉPRESSION CHEZ L' ADOLESCENT: UN PROBLÈME NOUVEAU ET BIEN ACTUEL

L’individualisation de la dépression chez l’enfant et l’adolescent procède de remaniements relativement récents des cadres nosographiques.
Longtemps méconnue, les manifestations thymiques étant attribuées à l’immaturité et à la labilité de l’organisation psychique.
La prise en charge de la dépression à l’adolescence a récemment fait l’objet de vives controverses, autour notamment de l’utilisation des antidépresseurs chez les adolescents. 

Au-delà de l’aspect polémique du débat, la question de la dépression à l’adolescence soulève diverses questions :

-la difficulté de l’évaluation des manifestations thymiques à l’adolescence

-l’intrication et la nécessaire intégration des éléments symptomatiques au contexte individuel et environnemental

-l’adaptation et la spécificité de la prise en charge de ces troubles à l’adolescence

POUR UNE DÉFINITION:

Critères DSM.IV de l’épisode dépressif majeur :
Épisode durant au moins deux semaines.
Épisode qui marque un changement par rapport au fonctionnement antérieur.
Pendant au mois deux semaines les symptômes sont présents de façon persistante,la plupart   du temps, presque tous les jours
Les symptômes sont à l’origine d’une détresse ou d’une altération du fonctionnement habituel.
Parmi les neuf symptômes suivants, cinq au moins sont présents et obligatoirement le premier ou le deuxième :
1 - humeur dépressive ou irritabilité
2 - réduction marquée de l’intérêt ou du plaisir dans toutes les activités ou presque
3 - perte ou gain notable de poids ou réduction ou augmentation de l’appétit
4 - insomnie ou hypersomnie
5 - agitation ou ralentissement psychomoteur
6 - fatigue ou perte d’énergie
7 - sentiment d’indignité ou culpabilité excessive ou inappropriée
8 - difficultés de concentration ou indécision
9 - pensée récurrente de mort ou de suicide ou tentative de suicide


LES FORMES CLINIQUES DES TROUBLES DÉPRESSIFS A L’ADOLESCENCE :

Les formes cliniques d'états dépressifs peuvent être classées selon différents critères, tels que,  l’intensité, les perturbations cliniques très importantes quelles peuvent engendrées,ou leurs étiologies. Je privilégie cette approche par soucis de clarté.

Les dépressions réactionnelles ou exogènes sont dues à des causes extérieurs :
-à un deuil, à une perte : décès, maladie d’un parent, séparation des parents, évènement familial,...
-à une maladie somatique :en général, il s’agit d’une pathologie somatique grave, de mauvais pronostic, ou chronique, ou entraînant des douleurs, des handicaps, des contraintes...
-aux effets biologiques d’une maladie ou de certains traitements : corticoïdes,...

Les dépressions endogènes: 
Les dépressions endogènes et la crise de mélancolie sont des crises de dépression profonde avec tristesse permanente et sans relation avec les circonstances extérieures. Le patient ressent une sensation de malaise interne (cénesthésie) associée à une diminution de l'intérêt pour toutes les activités quotidiennes avec sentiment d'indignité de culpabilité. D'autre part, les troubles de la concentration et l'incapacité décisionnelle avec angoisse intense viennent compléter le tableau clinique.

Le risque suicidaire est assez important. Cela constitue un danger dès le début de la maladie et durant toute la crise, ce qui exige une attention voir une surveillance de la part de l'entourage. Cette maladie qui concerne autant les enfants les adolescents que les adultes mais pour laquelle les risques semblent plus élevés chez les sujets âgés et les personnes isolées, est particulièrement grave chez les individus souffrant d'une intoxication alcoolique ou autre stupéfiant


SPÉCIFICITÉS DE LA DÉPRESSION CHEZ L ADOLESCENT.

     Les troubles dépressifs peuvent apparaître à l’adolescence, période de plus grande
vulnérabilité et de mal-être, et se traduire par une grande souffrance psychique.Chez l’adolescent, la dépression peut se manifester au travers de comportements nuisibles pour leur santé : abus d’alcool, de drogues, de médicaments (anxiolytiques, hypnotiques), états d’agitation, violence verbale, prise de risque, passage à l'acte, tentative de suicide, elle semble plus agie,  ou passer par une indifférence apparente.
     La dépression a un impact sur la vie quotidienne des adolescents et peut s’exprimer
par une irritabilité, un désinvestissement scolaire, des plaintes somatiques ou de
l’agressivité.
  Les facteurs psychosociaux, (dysfonctionnements relationnels intrafamiliaux, troubles psychologiques chez les parents, situations conflictuelles…), événements de vie négatifs et dépression à l’adolescence entretiennent des liens non univoques dans leur interprétation,  avec des variations importantes en fonction de différences méthodologiques entre les études. 
Ces facteurs interviendraient davantage comme événements précurseurs d’une vulnérabilité d’origine plurifactorielle préexistante.

La prévalence de la dépression chez le jeune de 15-24 ans est de 8,5 % (sur 1 an) en France.  L’épisode dépressif caractérisé est défini selon les critères diagnostiques des
classifications internationales.(1)
     Les idées suicidaires font souvent partie des symptômes de la dépression chez l’adolescent. 

     Ainsi, la dépression chez l’adolescent est associée à un risque suicidaire et la répétition des tentatives de suicide se produit dans un tiers des cas.Le suicide est la deuxième cause de
mortalité en France chez le jeune de 15-24 ans, soit environ 600 décès par an et un taux de décès de 6,7 pour 100 000, ces chiffres étant très certainement sous-estimés de 20 %.(2)
  

PRISE EN CHARGE

     L’abord thérapeutique de l’adolescent déprimé se déclinera selon des modalités diverses associées,en fonction des éléments cliniques, psychopathologiques, du contexte familial,
du retentissement des troubles. 

   Cette approche repose donc sur une évaluation minutieuse de la problématique de l’adolescent,de la dynamique familiale, du retentissement des manifestations symptomatiques, du risque suicidaire mais également sur l’appréciation des capacités de mobilisation et de
changement de l’adolescent et de son entourage autour du cadre thérapeutique proposé. 

    Elle vise notamment à resituer l’épisode actuel dans l’histoire infantile et récente de l’adolescent permettant la mise en perspective de ces éléments.

         L’objectif visé réside dans une relance des processus de changement.
 
       La situation de consultation, par la reconnaissance, la formulation des affects
dépressifs par le clinicien, permet la prise de conscience de "subjectifs émotionnels", souvent difficilement formulables par l’adolescent lui-même.

L’identification et la formulation des affects dépressifs, constituent une médiation sur laquelle pourra s’établir la relation thérapeutique. 
La prise en compte de l’entourage, son implication active dans la prise en charge de l’adolescent constitue également un élément clef afin de garantir la continuité de l’engagement thérapeutique.
La psychothérapie constitue la pierre angulaire de la prise en charge des adolescents déprimés mais elle peut se décliner selon des modalités, des références théoriques et pratiques différentes, en fonction de la sémiologie de l’épisode dépressif, des éléments psychodynamiques sous-tendant la symptomatologie dépressive, de la dynamique familiale, de la formation du clinicien…



ÉTATS DES LIEUX, ET PROSPECTIVES:
     Une majorité des adolescents consultent un médecin dans l’année, le plus souvent leur
médecin généraliste, mais celui-ci ne détecte pas toujours la souffrance psychique de
l’adolescent qui est souvent masquée derrière un élément somatique.
Il existe depuis peu en France un outil de repérage des symptômes dépressifs et de mesure de l’intensité dépressive spécifique de l’adolescent, l’Adolescent Depression Rating Scale (ADRS),(3), qui pourrait aider le médecin à repérer plus précocement les adolescents souffrant d’une dépression.
     Lorsque le repérage et le diagnostic sont effectués, se pose au médecin la question de la
prise en charge thérapeutique de la dépression de l’adolescent. Celle-ci peut faire appel aux
psychothérapies, voire à un antidépresseur inhibiteur de la recapture de la sérotonine.
L’utilisation des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine a suscité des interrogations
quant à l’augmentation du risque suicidaire qu’ils pourraient induire chez l’adolescent.
Il n’est pas toujours aisé pour le médecin généraliste de savoir à partir de quels critères
orienter l’adolescent vers des soins spécialisés, et vers quelle structure.(4)


CONCLUSION:

  nous ne  soulignerons jamais assez, l’importance d’une prise en charge précoce des manifestations dépressives à l’adolescence.

Toute position attentiste fait courir le risque d’un auto renforcement des conduites, entravant les potentialités ultérieures de l’adolescent. 
Rappelons également l’intérêt de prises en charge conjointes entre pédopsychiatres et médecins généralistes, par exemple, afin de faciliter l’appréhension de ces manifestations symptomatiques dans leur globalité, la construction de l’alliance thérapeutique entre l’adolescent, sa famille et les soignants.




(1),(2), (4) HAS – Service des bonnes pratiques professionnelles – Juillet 2011

(3) (Adolescent Depression Rating Scale ADRS : Revah-Levy et Fallissard, copyright AP-HP, 2004)