lundi 20 janvier 2014

Harcelement moral au travail

θ sommaire:
          - DÉFINITION
          - CARACTÉRISTIQUES
          - PROFILS
               Portait d'une victime
               Portrait d'un bourreau

          - COMMENT SE SORTIR D'UNE TELLE SITUATION?
          - AU CŒUR DU PROBLÈME, L'ESTIME DE SOI:
          - DES SOLUTIONS


          La souffrance au travail est un véritable problème aujourd'hui. Avant que des hommes et des femmes ne s'effondrent, victimes de harcèlement, pensons à comment prévenir et stopper ce processus ? 


DÉFINITION:

Le harcèlement moral au travail se définit par une conduite abusive (des gestes, des paroles, des attitudes, des comportements...) qui porte atteinte, par sa répétition et sa systématisation, à la dignité, ou à l'intégrité physique ou psychique d'une personne. Une conduite qui va dès lors mettre en péril l'emploi de cette personne ou dégrader le climat de travail.

Il est important de différencier le harcèlement moral du stress, ou de l'agression ponctuelle, ou bien encore de mauvaises conditions de travail générales à l'entreprise.

CARACTÉRISTIQUES:
 
- les attaques sont le plus souvent individualisées. Elles visent une personne en particulier, et toujours la même.


- ces attaques se répètent sans cesse.

- elles ne concernent généralement pas la qualité du travail de la personne harcelée, mais son intimité : c'est l'être qui est pris à partie, pas son savoir-faire. 

- enfin, le propre du harcèlement moral, c'est qu'il n'y a pas deux interlocuteurs divisés par un conflit, il y a un dominant et un dominé, et surtout aucune raison objective à ce soudain déferlement de mépris, voire de haine.

Le “harceleur” ne dit jamais à sa victime ce qu'il lui reproche, pour la bonne raison que ces reproches sont la plupart du temps indicibles. Le harcèlement naît le plus souvent de problème de jalousie, de rivalité, ou de secrets cachés dans une entreprise (détournements, malversations...), que certains ont le malheur d'approcher d'un peu trop près.


PROFILS:
Tout le monde peut-il être un jour harcelé moralement au travail ?

N'importe qui peut être victime un jour, quelle que soit sa structure de personnalité. Mais certains sont plus armés que d'autres pour se défendre : notamment les personnes qui ont une réelle confiance en elles-mêmes et qui peuvent s'appuyer sur un environnement familial et amical solide et sécurisant.

Les personnes visées sont le plus souvent celles qui ont beaucoup investi dans leur travail et qui sont conscientes de bien faire. Ou celles qui ont un profil différent, couleur de peau, sexualité…Ces individus gênent certains.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les “harceleurs” ne visent pas forcément quelqu'un pour ses faiblesses mais plus pour sa non-conformité.

Ils vont alors s'employer à isoler leur victime par tous les moyens possibles pour ensuite l'agresser continuellement, sans raison aucune. Et c'est cette absence de raison qui fait rapidement perdre pied. La personne harcelée ne comprend pas ce qui lui arrive, tente de trouver un sens aux attaques mais n'obtient jamais de réponse. Elle finit par douter d'elle-même, ne sait plus ce qui est normal ou non dans le comportement des autres et dans le sien. L'engrenage est malheureusement très rapide.


Portrait d’une victime


Douée, consciencieuse, avenante, la victime consacre son énergie à donner le meilleur d’elle-même. Des qualités, précisément, que le pervers convoite. Plutôt vive et extravertie, elle a tendance à exprimer haut et fort ses réussites et ses bonheurs. Des attributs (statut social, créativité…) dont le pervers cherche à la dépouiller. Elle se fait donc en quelque sorte vampiriser. Généreuse de surcroît, elle ne peut se résoudre à la perversité et il n’est pas rare qu’elle cherche des excuses à son bourreau. Ce qui accroît sa vulnérabilité, c’est son sens des responsabilités et sa propension à se culpabiliser. C’est par là que le pervers l’"accroche" : touchée dans sa peur de faillir, elle admet trop facilement la critique et se tue à donner satisfaction. Avant de se résoudre (ou d’être poussée) à abandonner la partie, elle est devenue l’ombre d’elle-même. 


Portrait d’un bourreau


Au premier abord, il est charmant, plutôt brillant. Puis son ton se fait monocorde, son discours condescendant, son air supérieur. Ses armes favorites : isoler, disqualifier, refuser la communication, brimer. Inutile de le raisonner. C’est un individu « pervers », Il est fixé dans ce mode de relation à l’autre et ne se remet jamais en question. Il n’éprouve pas la moindre culpabilité : faire souffrir ne le fait pas souffrir, au contraire. Il est incapable d’empathie, incapable même d’identifier la souffrance de l’autre, puisque l’autre n’existe pas pour lui. Il nie son intégrité et son humanité. Son talent : taper là où ça fait mal et se faire passer lui-même pour victime de la prétendue incompétence ou malveillance de son bouc émissaire. A savoir : lorsque la victime décide de se soustraire à ses assauts, le pervers peut faire preuve d’une gentillesse inattendue. Sinon, privé de sa substance vitale, il se cherche au plus vite une nouvelle proie.

COMMENT SE SORTIR DE TELLES SITUATIONS ?

Il est important de réagir très vite car plus la situation de harcèlement perdure, plus les conséquences en seront traumatiques et profondes, et plus la victime aura du mal à s'en remettre.


Le harcèlement procède de manière très insidieuse, mais il allume tout de même quelques clignotants sur son passage. Il faut repérer les comportements, les gestes ou les paroles qui agressent, et ne pas les laisser passer. Le plus souvent, la personne harcelée préfère les oublier, parce qu'elle ne les comprend pas ou parce qu'elle en a honte (attitude fréquente dans les cas de harcèlement sexuel). Il faut verbaliser ces agressions, en parler à son entourage afin de ne pas laisser l'isolement s'installer. Tout ce qui ne semble pas normal doit être dit. Et si le sentiment de se sentir victime apparaît, il faut réagir. Il est souvent utile d'affronter la personne qui agresse en lui demandant des explications : si elle admet que quelque chose ne va pas, cela devient un conflit entre deux personnes que l'on pourra régler. Si elle nie, mais continue par la suite d'attaquer, c'est du harcèlement.

Dans ces cas-là, il est très important de parler, si possible à quelqu'un à l'intérieur de l'entreprise, ou à l'extérieur. Il faut contacter l'inspection du travail, un juriste ou un syndicaliste. Afin de mieux se défendre, il est souhaitable que la personne harcelée, note jour après jour les agressions dont elle est victime. Et si cette personne est profondément déstabilisée, elle doit se faire prendre en charge sur un plan psychologique et médical.


AU CŒUR DU PROBLÈME : L’ESTIME DE SOI:

« Les victimes idéales des pervers moraux sont celles qui, n’ayant pas confiance en elles, se sentent obligées d’en rajouter, d’en faire trop, pour donner à tout prix une meilleure image d’elles-mêmes ».

Chez les pervers eux-mêmes, on note un fonctionnement en miroir : l’autre, nié dans son individualité, est le reflet par lequel ils se sentent exister. Ils projettent sur lui les failles qu’ils refusent d’admettre en eux et se nourrissent en se valorisant à ses dépens. Autrement dit, les premières et les seconds ont, sans le savoir, un point commun : le manque d’estime de soi. Or, remarquent tous les thérapeutes, on assiste aujourd’hui à une recrudescence des pathologies du narcissisme – de l’image et de l’estime de soi –, cette capacité fondamentale à s’évaluer et à s’aimer.

Cette violence insidieuse pourrait donc être interprétée, au même titre que la toxicomanie ou la délinquance, comme la marque d’une époque où les moi des individus sont fragilisés, déstructurés par l’absence de repères éducatifs ou de valeurs morales. Elle serait une caricature de l’affirmation de soi. « Les pathologies du narcissisme sont des pathologies de l’insuffisance », explique encore Marie-France Hirigoyen. On demande aux gens d’être toujours plus performants, de sorte qu’ils ne sont jamais à la hauteur !" Résultat, on confond pouvoir et emprise, autorité et autoritarisme. Pour être un "battant", on croit qu’il faut "battre" les autres. 
DES SOLUTIONS:

Une vaste prise de conscience est en marche : Mots pour maux, une association de médecins du travail et de psychanalystes, propose un accueil aux victimes de harcèlement dans l’entreprise.

Chacun de nous est amené à s’interroger : "Est-ce que je respecte l’autre en tant que sujet ?" "Moi-même, suis-je respecté dans cette relation ?" "Quelles limites réciproques nous imposer ?" Si notre seuil de tolérance à la violence recule, c’est sans doute le signe d’une évolution collective et individuelle, psychique et positive.


 

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