Les préados

θ sommaire:        
        QUELS OUTILS NÉCESSAIRES POUR SE CONSTRUIRE?
          Du coté des outils psychiques:
         -La conscience réflexive
         -Le manque nécessaire
         -Supporter l’absence
         EX:LE COMPLEXE ŒDIPIEN
         EN CONCLUSION 
         UNE DÉFINITION


    Des préados font régulièrement la une des faits divers, suscitant alors peur et incompréhension. Parents et éducateurs sont de fait de plus en plus nombreux à solliciter les"psys". Mais qu'est ce que la préadolescence? Un nouvel age de la vie? Une notion psychopathologique? Alors que la puberté s'annonce de plus en plus tôt, certains enfants et leurs familles n'ont pas les outils psychiques pour aborder cette période de transition.

QUELS OUTILS SONT NÉCESSAIRES?

         Du coté des outils psychiques: 
         Pour traverser le temps  de l'adolescence sans trop de difficultés, ce que fait une majorité d'adolescents, il est nécessaire d'avoir acquis des outils. Ces outils qui se développent dès le plus jeune age sont au services d'un narcissisme suffisamment solide, support d'une bonne image et estime de soi.
        L'agressivité,elle aussi, inhérente à tout être humain, est nécessaire, elle est très utile lorsque qu'elle est au service de la vie. Cependant la socialisation nécessite d'apprendre à la canaliser. Pour vivre ensemble, il faudra accepter les limites de son propre désir. Encore faut il que le fait de renoncer à une part de soi pour pouvoir vivre avec d'autres soit investi!


-La conscience réflexive: 
Les êtres humains possèdent une fonction psychique tout à fait remarquable nommée conscience réflexible. Les  bases de cette image se  déterminent dans le regard de l autre, au cours de l 'enfance et de l'adolescence. A l'age adulte les représentations de soi sont à priori suffisamment solides pour ne plus être dépendantes du regard de l' autre et savoir qui ns sommes.Si nous bâtissons une image de nous mêmes, nous construisons aussi notre idéal. Ainsi l'homme a investi un idéal de civilisation, qui l'oblige à domestiquer l'animal qui est en lui. La contrainte peu alors être investie puisqu'elle permet de se rapprocher de l'idéal.Cependant il restera toujours un écart entre la représentation de soi et son idéal de soi. Cet écart est le support de toute la créativité mais aussi celui parfois d'une destructivité massive. 

-Le manque nécessaire:

L'homme cherche à atteindre son idéal ce qui crée sa motivation. Il améliore ses conditions de vie, acquiert des connaissances...mais il lui manque toujours quelques choses, ce qui lui permet de rester désirant. Il accepte alors le manque sans renoncer à l'idéal. C'est ainsi qu'il continue à s'investir. Son imperfection ne l’empêche pas d'avoir du plaisir avec lui même pour ce qu'il est. Il est donc indispensable d'accepter le manque pour pouvoir s'investir. Quand cela n est pas possible, l’idéal devient sadique, il tyrannise car il nous fait savoir avec vigueur que nous n'avons pas tout. L’agressivité que cela suscite peut alors tout détruire sur son passage, son idéal, les autres, soi-même, pour ne plus être confronté au manque.

-Supporter l'absence:
Comment supporter le manque,l'absence? C'est la capacité de rêverie décrite par Freud qui reste la plus efficace dans ce conflit. Comment acquérir cette fonction si utile pour canaliser notre agressivité, et relativiser nos déceptions,
La capacité à rêver nécessite deux temps, généralement présents au cours des deux premières années de la vie:
-le temps d’être investi par des adultes qui s’identifient à nous et projettent en nous  tous leurs idéaux dans une illusion dyadique,"tu es tout pour moi, je suis tout pour toi".(fonction maternelle, préoccupation maternelle  primaire définie par Winnicott).
-le temps de sortir de l'illusion dyadique pour se confronter à la triangulation sous le poids de la fonction tiers,(fonction paternelle): "tu n'es pas tout pour moi, puisque j'ai d'autres investissements, et je ne suis pas tout pour toi ce qui te permet d'autres investissements que moi".
Face à l'absence de disponibilité de l adulte qui prends soin du bébé, ce dernier exprime d’abord sa frustration puis va se calmer en s’étayant sur les souvenirs heureux de la période précédente ou il ne manquait de rien, aidé par quelques stimulations sensorielles, (suçotement,doudou...). Ainsi par sa capacité à rêver, le bébé peut sortir de la relation de dépendance à sa mère pour faire appel à la bonne mère intériorisée dans son espace psychique.

-Des limites indispensables:
Le jeune enfant a donc besoin pour se construire d'adulte parents, qui puissent le reconnaitre comme un  être différencié d'eux, avec ses propres besoins.Il ne doit pas y avoir de confusion générationnelle. L'enfant n est pas un petit adulte, c'est un être immature qui doit être protégé..Ainsi, il doit bénéficier d'adulte qui opèrent des choix pour lui, c'est le sens des limites c'est le sens même des limites portées par les parents au service de l'enfant. Elles sont garantes de ce qui est bon pour lui."Je t'oblige à aller te coucher car le sommeil est nécessaires pour que tu profites de la journée, je t’empêche de manger le paquet de bonbons car c 'est mauvais pour ta santé..."C'est un travail difficile pour les parents mais qui est soutenu par l'investissement de l'enfant,"Tu le vaux bien."
Ainsi, les parents deviennent de véritable figure d'autorité, c'est à dire des tuteurs qui soutiennent la croissance de leur enfant.
Certes, ils doivent faire preuve d'une certaine solidité narcissique pour absorber l’agressivité de l'enfant qui n'hésitera pas à déclarer qu'il n'aime plus ce parent censeur non soumis à son désir. L'enfant préserve ainsi une bonne image de lui, puisque c'est l'adulte qui est le "méchant", tout en acceptant progressivement ces interdits puisque son parent l'aime.
Malheureusement, si les parents sont trop fragiles, le miroir s'inverse.L'enfant est au service du narcissisme de des parents qui cherchent dans le regard de leur enfant, l'assurance qu’ils sont de bons parents.Le risque est grand alors de faire porter la responsabilité des choix sur l'enfant. "Tu as le choix entre ne pas manger tous les bonbons et être un gentil enfant ou bien ou bien tout manger mais je serai déçu mais c 'est ton choix"
Or l'enfant fait toujours le mauvais choix parce qu'il est guidé par son immaturité affective ce qui détériorera l'image de lui même.

EX:LE COMPLEXE ŒDIPIEN

Le complexe d’œdipe décrit par Freud contient les différents ingrédients précités, et conduit à une bonne comparaison avec la construction psychique de l'enfant.
L'enfant se confronte au couple parental, il n 'appartient pas à la génération de ses parents et prend conscience de la différence des sexes.Ce complexe d' œdipe ne s'organise pas de la même façon chez la fille et le garçon.

-Le garçon investit sa mère comme premier objet d'amour, tout en percevant la différence de leurs corps sexués.Dans leur relation dyadique ,ils ne manquent de rien. Cependant le garçon est confronté à l'interdit de l'inceste, sa mère ne pourra pas être son épouse. Cet interdit incarné par le père mais porté par le couple le confronte au manque, appelé angoisse de castration. Cela contribuera au processus d'identification au père aimé de la mère, compromis qui permet de canaliser la rivalité avec le père tout en gardant l'investissement de la maternel. L'interdit permet de se confronter au manque

-La fille tout comme le garçon investit sa mère comme premier objet d'amour mais perçoit qu'elles ont le même corps sexué, et donc que sa mère n'a pas tout. La petite fille ressent le manque, source de sa maturité précoce. Face à sa déception que suscite l'objet maternel, elle cherche à séduire le père pour obtenir davantage que sa mère. Elle se confronte alors à l'interdit de l'inceste. Elle ne pourra jamais tout avoir du père.Ne voulant pas perdre l'amour de la mère aimé du père, elle s'identifie à elle,ce qui apaise leur rivalité tout en gardant l'investissement du père.


EN CONCLUSION:

Ainsi, pour aborder le processus d'adolescence, il est nécessaire d'avoir construit une bonne représentation de soi, soutenue par des bases narcissiques suffisamment solides, avoir investi son espace psychique, être capable de rêver pour canaliser son agressivité, être repéré dans les générations, supporter l'interdit.Classiquement, l'enfant de 6 ans a acquis ces outils qui le rendent alors disponible aux apprentissages, il atteint l'age de raison et entre dans la phase de latence.Or justement ce sont ces outils qui font défauts aux enfants désignés par la notion de préadolescence et qui n'entrent pas en phase de latence.


UNE DÉFINITION:

La préadolescence pourrait alors se définir en négatif. Poussées par des adultes qui ne les voient plus enfants, ces préadolescents n'ont pas la maturation psychique pour être adolescents. Leur immaturité disqualifie alors leurs représentations d'eux mêmes. Ils ont une faible estime de soi et ne peuvent se confronter ni à l'interdit ni au manque. Leurs capacités à rêver sont limitées et ils ne supportent pas l'ennui. Seuls avec eux-mêmes, ils ont besoin de sensations, d'images pour faire face au blanc de leur vie psychique.L'agressivité que suscite la frustration est sans limite.Leur créativité est réduite malgré la préservation de leurs fonctions cognitives mais leurs capacités de destruction sont majeures.La déception est insupportable car elle leur rappelle l'écart entre la réalité et l'idéal. La tentation du pire est toujours présente puisqu'elle ne déçoit jamais.


 

      

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