La prise
de risque peut se définir comme une
remise en jeu de quelque chose pour soi-même ou pour autrui.
Ce risque sera plus ou moins important. Il peut être un équivalent suicidaire, une aide à la construction identitaire,
une dérive.
La prise de
risque se retrouve le plus souvent à l'adolescence où elle fait partie de la
recherche de soi et d'une sensation enivrante qui permet de se sentir exister. Elle peut aussi s’inscrire parfois dans un mal être : la personne peut mettre
sa vie en jeu (dans un quitte ou double) de manière
inconsciente. Cette prise de risque se retrouve dans les conduites ritualisées
que mettent en place certains jeunes. Elles doivent être entendues comme des rites d'initiation
Toutefois, chez la plupart des jeunes, la prise
de risque peut-être légère et ne met pas en danger la
personne au travers d'attitudes excessives. Ce sont des expérimentations qui
seraient des rites de passage
permettant la reconnaissance
des pairs et la
ponctuation d'étapes de vie. C'est parfois une façon de renforcer une estime de
soi fragilisée à l'adolescence.
Ces comportements de prises de risques sont à entendre aujourd'hui comme des
conduites ordaliques.
Le fantasme
ordalique serait le fait de s'en remettre à l'autre, au hasard,
au destin, à la chance, pour le maîtriser. La conduite ordalique est donc toujours à
deux facettes : abandon ou soumission mais aussi tentative de maîtrise, de
contrôle sur sa vie. Le jeune se dit que rien ne peut lui arriver en adoptant
ces conduites de « toute
puissance ». Il se
retrouve à répéter des comportements dangereux sans trouver ce qu’il recherche,
c’est-à-dire un sens aux choses comme dans les conduites addictives.
Autrefois, les rites d’initiation permettaient le passage de l’enfance à
l’entrée dans le monde adulte. Actuellement,
l’absence de tels
rituels pourraient être
un manque dans l’identification à l’adulte.
La disparition de ces repères et traces venant des aînés et de sa propre culture
serait un facteur supplémentaire de préoccupations, d’isolement et de peurs
.
.
La prise de risque est souvent associée à la recherche
de soi, de sa propre identité ou même d'une identité d'appartenance. Ces conduites
peuvent emprunter différents chemins.
Plus important encore, il y aurait aussi une recherche de la
loi, de règles, véhiculées autrefois par la présence des
adultes, qui serait une recherche de l’attention de l’autre qui accompagne
cette tentative de trouver une place pour soi dans un groupe ou dans une
société.
D'après David Le Breton « les conduites à risque sont des sollicitations
symboliques de la mort dans une quête de limites pour exister, ce sont des
tentatives maladroites et douloureuses de se mettre au monde, de ritualiser le
passage à l'âge d'homme (...) Les conduites à risque se distinguent absolument
de la volonté de mourir, elles ne sont pas des formes maladroites de suicides
mais des détours symboliques pour s'assurer de la valeur de son existence.
»
Selon lui (1), les
jeunes qui s’exposent si fortement sont une minorité qui témoigne d’une
souffrance et d’un besoin de se confronter au monde pour se sentir exister.
On retrouverait dans les familles de ces jeunes une absence de limites ou d’orientation de
vie qui les pousserait à les rechercher en se mettant en
danger. Cela semblerait plutôt être une confrontation au vide et un manque de
valeurs contenantes permettant au jeune d’exister aux yeux des autres. L’autre
est recherché comme tuteur. Il s’agirait aussi d’un besoin
d’autonomie.
Ainsi, la prise de risque s’inscrit dans une
quête identitaire, une recherche de soi et de limites. Elle semblerait un remède palliatif à un
manque qui serait peut-être celui de l’accompagnement du jeune par l’adulte
vers l’autonomie et la recherche du sens de sa propre vie.
(1) David Le
Breton - « Adolescents et
Conduites à risque, Prévention et Ecoute », Edition ASH
Professionnels, 2007
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